Ils font Versailles
Roland de L’Espée
L’ami versaillais
Cheveux blancs et blazer impeccable, le baron Roland de L’Espée veille avec distinction aux destinées de la Société des Amis de Versailles, deux ans après que le vicomte de Rohan – vingt-deux ans d’une présidence haute en couleur – s’en fut retiré. « Je suis un homme discret », explique en préambule cet expert en meubles et objets d’art, avant de s’esclaffer lorsqu’on l’interroge sur un éventuel lien entre la particule et la fonction : « On est passé d’un duc à un vicomte (1)et d’un vicomte à un petit baron ! » Ni les lettres de noblesse ni l’entregent ne sont nécessaires pour intégrer cette bonne société. Ce qui importe, aime-t-il à répéter, c’est l’« affectiosocietatis (1)»… et la cotisation. En clair, un boucher féru d’histoire autant qu’un patron du Cac 40 ont leur place dans ce cercle de passionnés qui contribue depuis plus de cent ans au rayonnement de Versailles. « On peut dire que les Amis de Versailles ont vraiment sauvé le château », affirme le baron, en rappelant que cette société avait été créée sous l’impulsion du journaliste Eugène Tardieu, alerté par l’état de décrépitude dans lequel se trouvait le Domaine, en 1907. Pourtant, ces dernières années, les rapports entre la (trop ?) influente société et l’ancien président du Domaine, le très charismatique Jean- Jacques Aillagon, ont été relativement tendus. « J’ai hérité de rapports très contrastés », avoue le nouveau président, soulagé de l’arrivée de Catherine Pégard (« une femme qui sait écouter») à la tête du château. La restauration du boudoir de Marie-Antoinette (budget : 800 000 euros) et la rénovation de l’« appartement des mécènes » (255 000 euros) font partie de ses nouveaux projets. Dans ce dernier, les Amis de Versailles envisagent d’accueillir invités et mécènes. Et signer leur retour à la cour ?